Le Français
(Corse diront certains :) le plus célèbre du monde, Napoléon
Bonaparte, a toujours aussi soif de conquêtes et envahit en cette
fin d'année 2002, le territoire de la GBA. Ceci est déjà
plutôt étonnant en soit, mais si je vous précise que
l'invasion de notre fougueux Empereur a cette fois été préméditée
par nos amis japonais, vous pouvez être sûrs qu'il ne pourra
ressortir de ce métissage de cultures qu'un cocktail explosif.
L'année
2002 aura été marquée par Napoléon, du moins
dans vos vertes contrées. Entre les documentaires qui lui ont été
consacrés et la série phare de France 2, le « petit
» homme ne sera pas passé inaperçu, loin s'en faut.
Il faut dire, que l'histoire de ce personnage est tout bonnement incroyable
en soit et ce n'est pas pour rien qu'il a acquis outre atlantique une grande
renommée se posant comme un des français les plus populaires.
Sans rentrer dans la polémique qui veut que Napoléon eut
été un Despote et rien d'autre, l'homme a été,
et cela, tout le monde le concédera, un véritable génie
militaire qui a gravi les échelons hiérarchiques en s'affirmant
comme un meneur d'hommes, un fin stratège et un tacticien hors pair.
C'est donc cette figure emblématique de l'histoire française,
qui est le matériau principal de « L'aigle de guerre »,
et qui par là même, foule pour la première fois le
sol de la Gameboy Advance.
Aussi grande soit la notoriété de Napoléon, on constate que bien peu de jeux lui ont finalement été consacrés. Entre un « Waterloo » et un « Napoléon 1813 » (tous deux sur PC) qui avaient comme point commun une navrante médiocrité, on ne retrouve pas grand chose. C'est de ce fait assez étonnant, que la GBA accueille cet illustre personnage, qui plus est dans un jeu de stratégie en temps réel, genre très peu développé sur la portable de Nintendo, puisqu'il ne compte qu'un représentant du genre, le superbe « Advance Wars ». Quand en plus, on sait que le soft a été à la base, développé par des japonais pour le lancement de la GBA au pays du soleil levant (et oui cela commence à dater), et que Nintendo ne comptait pas sortir ce titre en Europe (un comble quand on y songe !), on peut légitiment se demander ce que toute cette sombre affaire peut cacher.
« L'aigle de guerre » se veut donc un STR, reprenant quelques grandes batailles de l'histoire française. Autant le dire tout de suite, si on retrouve certains personnages réels (Murat, Nicolas Davout, Wellington, etc), le jeu tend très facilement vers le fantasmagorique et ne respecte pas vraiment le contexte historique. Par exemple, au tout début du jeu, le maréchal duc de Wellington est à la recherche d'une pierre magique et vous aurez par la suite à affronter un monstre qu'une sorcière aura créé à l'aide de ladite pierre. Il est certain que les historiens et les puristes vont grincer des dents, mais quelque part, on peut au moins affirmer que cet aspect des choses a pour lui de dynamiser les batailles et de diversifier les objectifs. Parlons-en des objectifs. Ceux-ci sont de plusieurs ordres mais restent malgré tout assez peu originaux. Ainsi, d'une prise de camp adverse, en passant par la destruction d'unités, pour en revenir à l'éradication de certains monstres, vous aurez un peu l'impression de tourner en rond. Le plus souvent, vous dirigerez par l'entremise de Napoléon, des fantassins, cavaliers, canons, et, selon les objectifs, vous serez amenés à prendre le contrôle d'une flotte navale. Vous aurez à assigner à chacune de vos troupes, des ordres bien précis. Vous pourrez redonner de l'énergie à vos soldats blessés et vous créerez, en fonction de vos ressources, des unités en cours de bataille. Bref, tout ce qu'on est en droit d'attendre d'un bon petit général. Si les missions sont assez variées d'un point de vue environnemental, il est un peu dommage de constater que l'intérêt des missions s'étiole plus on avance dans le jeu, la lassitude s'installant quelque peu au fil des chapitres de l'histoire. Pour palier à tout ceci on trouve également un mode versus (deux joueurs), le mode combat où les joueurs se retrouvent à devoir remporter une bataille avec des ressources limitées, ainsi que trois mini-jeux, sous forme de petites missions, bien conviviaux.
Comme je le précisais plus haut, l'aspect graphique est honnête. Rien de bien transcendant cependant (le jeu date tout de même de plusieurs années !). Si les décors sont nombreux, ceux-ci sont assez austères et ne peuvent prétendre au titre de chefs-d'oeuvre. Les animations de vos unités sont, somme toute, correctes et le côté surréaliste du jeu permet d'intégrer quelques petits éléments sympathiques dans le jeu comme des sorcières, des monstres en tout genre, ce qui redonne des couleurs à l'ensemble. Le design, très typé « japonais », ne plaira pas à tout le monde, néanmoins, les petits écrans où interviennent les principaux personnages bénéficient d'un look fort agréable. La bande-son nous gratifie d'une version de la Marseillaise tendance électronique et les quelques bruitages émaillant les parties ne sont pas vraiment ce qu'on a fait de mieux au jour d'aujourd'hui (la palme d'or revenant de droit, aux bruitages de fusil qui renvoient à ceux de pistolets à bouchon).
Après être passé par le petit didacticiel, sous l'oeil vigilent de Davout, vous serez à même de mener vos batailles comme un véritable empereur. Les possibilités offertes par le jeu relèvent un peu du paradoxe. En effet elles sont assez complètes sans l'être vraiment. Si vous êtes un fan de STR, les limitations de tactiques se feront très vite sentir alors qu'en revanche, si vous cherchez à vous initier à ce genre de jeu, « L'aigle de guerre » est un bon parti-pris, ni trop simple, ni trop compliqué. Mais revenons-en à cette fameuse jouabilité. Vous endossez le rôle de Napoléon qui, s'il ne participe pas à la bataille d'une façon directe, pourra parcourir le champ de bataille et dicter ses ordres à chaque unité. Ainsi, vous pouvez ordonner à vos troupes d'aller attaquer un ennemi en particulier, de prendre de force le château du camp adverse ou de défendre votre territoire. Généralement vous aurez sous vos ordres un nombre restreint de soldats et deux commandants, voire plus. Ces derniers sont importants, puisque non seulement ils peuvent regrouper plusieurs unités sous leurs ordres (ceci est très important si vous voulez attaquer un ennemi particulièrement puissant) mais ils ont pour eux de redonner des pouvoirs spéciaux à notre Napoleonounet. Des pouvoirs spéciaux ?, et oui rappelez vous de l'univers fantastique évoqué plus avant ! Ces pouvoirs vous permettent, notamment, de remonter le moral de vos troupes pour que ces dernières soient plus combatives ou de regrouper toutes vos unités autour de vous. Comme vous le voyez l'aspect tactique est bien présent, même si celui-ci montre clairement ses limites au bout de quelque temps. Il est en effet impossible de sélectionner un nombre d'unités pour leur ordonner telle ou telle tâche, ce qui est vite agaçant surtout dans le feu de l'action. Ensuite, il est dommage que le nombre d'unités par chapitre (bataille) soit limité. Vous aurez ainsi dès le début de chaque affrontement, un nombre fixe d'unités que vous répartirez comme bon vous semble, entre votre infanterie, cavalerie ou artillerie. Au fur et à mesure du déroulement de la bataille, vous pourrez créer d'autres soldats mais uniquement après que certains se soient faits tuer. Bref cette limitation est assez énervante et il est toujours dommage de constater que vos caisses sont pleines d'or et que vous ne pouvez pas vraiment en profiter pour faire pencher l'issue de la bataille en votre faveur, d'une façon irrémédiable.
Tout ceci pour dire, que « L'aigle de fer » possède un background vraiment atypique (prendre comme postulat de départ une des grandes périodes de l'histoire française et saupoudrer le tout de Fantastique est tout de même à la base assez risqué...enfin bon personnellement je suis très friand de l'originalité japonaise !) qui pourra en rebuter plus d'un. Mais faisant fi de ceci, on se retrouve devant un STR assez complet qui est destiné, malgré la rapide difficulté des missions, à des néophytes en la matière qui voudraient goûter à ce type de soft épuré de toute complexité. Maintenant il est à préciser que les amateurs de ce genre de jeu risquent de s'ennuyer ferme à cause du manque de liberté et du manque d'originalité des missions.
TEST: JV.COM